Cameroun : ce que l’on retient de la grève des Docteurs PhD finie en queue de poisson.

Cameroun : ce que l’on retient de la grève des Docteurs PhD finie en queue de poisson.

#Komiaza.com - Des titulaires du doctorat PhD ont marché sur le ministère de l’Enseignement supérieur. Pour cause, « on ne peut pas avoir fait tant d’années d’études et être chômeur », alertent les pancartes qu’ils brandissaient.

Ces compatriotes justifient leur mécontentement par les derniers recrutements d’enseignants dans les universités d’Etat de Bertoua, Ebolowa et Garoua. Opération qui, d’après les grévistes, a été entachée d’irrégularités. Une dénonciation que le ministre d’Etat Jacques Fame Ndongo balaie d’un revers de la main, réitérant que seuls les meilleurs ont été retenus.

Face aux manifestants trois questions émergent : quelle est la responsabilité de l’Etat à former la jeunesse ? Quel objectif l’enfant a-t-il de faire des études doctorales ? Jusqu’où ces jeunes iront-ils étant donné que l’Etat a cessé d’être la vache à lait?

Le sens de l’instruction et de l’éducation

L’éducation est un droit fondamental de l’homme. Aussi, l’Etat prend les dispositions afin que chaque enfant aille à l’école. Mais l’Etat n’a pas toujours l’obligation de garantir l’emploi à toutes les personnes qui sortent des écoles et universités. Car l’instruction est avant tout un besoin personnel. Et chacun s’instruit en fonction de ses aspirations, de ses rêves. Mais il doit se donner les moyens de ces ambitions ou de ses rêves.

La grève des Docteurs PhD remet en cause la qualité de la formation et les compétences réelles de la jeunesse camerounaise moulées par nos universités. Sont-ils des diplômés de la honte ? Ailleurs dans le monde, être titulaire d’un doctorat PhD offre plusieurs alternatives: devenir entrepreneur, être consultant, être expert, devenir conférencier, enseigner, travailler dans les laboratoires de recherche, s’engager dans la société civile, etc.  Le Cameroun a besoin d’intellectuels capables de transformer le savoir en richesse, de diplômés capables d’appliquer les fruits de la recherche afin d’en tirer profit.

Quelle est la finalité des études doctorales?

Les enfants étudient par mimétisme. La diplomite ! Interrogez 10 étudiants de 3ème année de licence sur leur avenir une fois le diplôme en poche. Ils vous répondront qu’ils ne savent « pas encore ». Et c’est ainsi qu’une fois le diplôme en poche, les uns s’orienteront par mimétisme. Si le premier téméraire annonce qu’il continue en master, presque tous ses feront de même. Ils agissent comme les fourmis rouges.

Puis à la fin du cycle ils rentrent à la maison, croisent les bras, et attendent une décision du président de la République pour obtenir un emploi. Même s’ils savent très bien que dans son message du 10 février 2025 à la jeunesse, c’est l’entreprenariat qu’il leur a recommandé. Le Chef de l’Etat leur a expliqué les difficultés pour l’Etat de recruter toute la jeunesse dans la fonction publique. Un discours que les docteurs ne veulent pas entendre.

Le montage accouche d’une souris

La politique actuelle pousse l’enfant à la noyade. Lorsque le ministre de l’Enseignement supérieur parle de « diplômés médiocres », il n’a pas totalement tort, si l’on s’en tient à la qualité des recherches, à leur adéquation avec les vécus des Camerounais, à l’applicabilité des résultats, etc.

Il est urgent de revoir la formule des inscriptions dans les universités dès les pré-inscriptions. Que celui qui vient passer un Licence le mentionne dans son dossier de pré-inscription, que celui qui vise la recherche le mentionne aussi.  Cela ne voudra pas dire qu’ils ne pourraient pas revoir leurs ambitions. Mais au moins, cela aura l’avantage de pousser le futur étudiant à une réflexion profonde quant à son avenir après l’obtention du diplôme, avant même de s’engager.

Augustin Roger MOMOKANA