Villes mortes : Dschang est resté fermé mardi 04 novembre! [Komiaza]

Villes mortes : Dschang est resté fermé mardi 04 novembre! [Komiaza]

La poursuite des villes mortes a laissé constater que cette grève pacifique comporte aussi deux catégories de manifestants: les pacifistes et les vandales. Pourtant, ce mardi est Meta, le petit jour de marché de la ville.

Que ce soit dans les quartiers ou au centre-ville de Dschang, les commerces, les écoles et les entreprises sont restés fermer toute la journée de mardi 04 novembre 2025. Les gares routières et les agences de voyages demeurent fermées. L’appel des autorités administratives, plus précisément du Sous-préfet qui avait annoncé que les portes avaient commencé à s’ouvrir très tôt ce matin, est resté lettre morte.

Contrairement à la journée du lundi, des motomans et les piétons étaient plus nombreux dans les rues et devant certaines échoppes fermées ainsi que devant les entrées de marchés. Ils étaient là pour fuir la maison pour les uns, parce qu’ils « ne sont pas concernés par les combats des personnes qu’ils ne connaissent qu’à la télévision ».

Les seuls établissements ouverts depuis lundi sont ceux qui font dans les finances : les banques et les microfinances. Les forces de l’ordre ont été déployées pour assurer leur sécurité. Les pharmacies, les hôpitaux et les centres de santé quant à eux sont ouvertes, sans aucun risque à cause de leur caractère de services d’urgence. 

Les villes mortes sont une forme de grève qui désole les marchés, les rues et les commerces. Les personnes sont alors recluses chez elles, comme si la rue avait été soudainement interdite aux humains. C’est la vacuité totale et le promeneur solitaire peut se poser mille et une questions.

Contrairement aux villes mortes de 1991 dont les règles étaient inviolées, celles de 2025 comportent de nombreuses fissures : des gens qui s’assoient devant leurs commerces pour vendre en cachette, marcheurs qui semblent ne pas être concernés par la grève, des autorités administratives aux abois du fait de la volonté des acteurs politiques, etc.

Les principaux points de discussion tournaient autour de la « déclaration de guerre du Maire de la ville de Douala aux commerçants », de l’appel du Maire de Dschang « absentéiste devant Dieu ». Le premier menace d’attribuer les boutiques des commerçants qui n’ouvriront pas à de nouvelles personne ; tandis que le second menace de résilier le contrat des agents communaux s’ils ne se présentent pas au bureau ce mardi, « les vandales de Banyo qui ont blessé le capitaine de compagnie de gendarmerie », la fuite de « Issa Tchiroma au Nigeria »,  « le Président de la République qui n’a pas pris la parole depuis qu’il a été déclaré élu », etc.

Ces personnes qui sont recluses à la maison sont des manifestants pacifistes alors que ceux qui violent l’appel doivent être considérés comme des casseurs, des pilleurs et des vandales. Les premiers s’engagent pour que la grève soit un succès, les seconds sabotent le mouvement.

L’appel aux villes mortes du lundi 03 au mercredi 05 novembre 2025 est une initiative d’Issa Tchiroma Bakary, candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Il n’a cessé de clamer sa victoire alors que le Conseil constitutionnel a déclaré le président sortant, Paul Biya, vainqueur par 53,66% des voix contre 35,19% de voix pour Issa Tchiroma. Résultat qui n’a pas l’assentiment du « Président Elu ». Avant les villes mortes, il y a eu des manifestations à travers les principales villes du pays. Elles se sont soldées par des actes de pillage, des incendies et surtout de nombreuses pertes en vies humaines.

Augustin Roger MOMOKANA