Avis tranché du Père Christian de la Bretesche : « il ne suffit pas de scolariser tous les jeunes… »

Avis tranché du Père Christian de la Bretesche : « il ne suffit pas de scolariser tous les jeunes… »

#Komiaza.com - Nous dirigeants écoutent-ils les conseils ? Ont-ils réellement la volonté de construire un pays émergent ? Même en regardant chez les voisins ils auraient appris pas mal de leçons pour redresser leurs vision du développement. La France a constaté dans les années 90 les méfais de la diplomite. Quelle correction a-t-elle adopté pour en sortir ? 30 ans plus tard, le Cameroun à son tour est lourdement plongé dedans. De manière qu’il en est au syndrome de « Docteur ou rien ». Mais le doctorat résout-il la question de l’emploi ? De plus en  plus, l’on assiste aux manifestations des docteurs qui accusent l’Etat de ne pas leur trouver de l’emploi. Comment, de la première année  jusqu’à la thèse de doctorat, l’enfant africain n’est-il pas au courant que l’Etat providence relève du passé lointain ?

En mission en République du Congo, le Père de la BRETESCHE faisait un constat  alarmant : « en Afrique, on s’est aperçu trop tard qu’il ne suffisait pas de scolariser tous les jeunes pour que les générations nouvelles s’intègrent naturellement au processus de développement accéléré de leur pays. La scolarisation à outrance a peuplé les grandes villes africaines de jeunes demandeurs d’emplois. Mal diplômés, sans culture, plus habitués à réciter des leçons qu’à prendre des initiatives. » Citation dans Le Courrier ACP-UE N°190 Janvier-Février 2002.

Qui est le Père Christian de la BRETESCHE ?

Le Père Christian de la BRETESCHE est un missionnaire spiritain qui a passé 50 ans au service du Congo-Brazzaville. Il y a beaucoup œuvré tant sur le plan de la spiritualité que sur celui de l’éducation et de l’employabilité des jeunes diplômés sans emplois. Du Forum des Jeunes Entreprises au Monastère de frères paysans de la Thébaïde, en passant par l’Ecole nouvelle, Médecins d’Afrique et la Caisse de participation à la promotion de l’entreprise. Il aura fortement contribué à sortir des dizaines de milliers de jeunes congolais de la misère. Aujourd’hui âgé de 89 ans il poursuit sa mission au Congo Brazzaville.

Face à la diplomite, comment le Cameroun panse-t-il la crise? Quelles mesures a-t-il pris pour parer aux risques de radicalisation des diplômés sans emplois ? Si un mécanisme approprié et efficace n’est pas mis en place pour sensibiliser les jeunes sur les rapports entre leurs études et les réalités de l’emploi dans le pays aujourd’hui et demain, la paix ne sera que menacée.

Dans sa démarche, même si elle est fondée sur la foi chrétienne, le Père Christian de la BRETESCHE a démontré que l’école est importante, mais pas une école où l’enfant est poussé sans la prise en compte des réalités locales. Mais son expérience est la preuve que notre système éducatif n’est pas approprié pour les défis qui interpellent notre jeunesse.

S’agissant du Cameroun précisément, il va sans dire que les deux sous-systèmes n’ont pas la même fortune. Le sous-système francophone serait la source du grand malaise. Pour preuve, ce sont les francophones qui se ruent vers le système anglophone. Le contraire demeure un mythe. L’audace voudrait qu’un système unique soit taillé sur les deux sous-systèmes. Il pourrait révolutionner le Cameroun, pourvu qu’il ait été taillé dans l’intérêt général et pas à l’avantage des lobbies qui traquent l’économie de la formation.

Il s’agit de dire que les solutions actuelles ! La formation professionnelle et les nombreux projets gouvernementaux n’ont pas prouvés leur capacité à limiter la diplomite et à résorber le chômage des jeunes. Aussi va-t-il falloir réformer globalement le système éducation pour l’adapter au temps, repenser la formation professionnelle et le financement de l’entrepreneuriat jeune dans un circuit qui n’a aucun rapport avec le militantisme politique, et surtout sensibiliser et former les jeunes à l’entrepreneuriat, en leur garantissant une politique et un mécanisme fiscale qui favorise l’engagement et les initiatives jeunes. Abattre tous les fonctionnaires qui baignent dans la corruption et le patricide.

Texte : Augustin Roger MOMOKANA

Crédit photo : L’Horizon africain